Une fois, une seule fois, j’avais voulu profiter de la rééducation de mon mari non pas pour aller faire les courses, chercher les enfants ou quelque chose comme cela, mais pour prendre un peu soin de moi. Je ne savais plus c’était quand la dernière fois que je ne m’étais pas permis une chose que je considérais limite comme un luxe aujourd’hui compte tenu de ma situation, mais je me disais que cela ne pourrait pas me faire de mal, surtout que je sentais que ma coiffure était défraîchie et que mes sourcils avaient besoin d’un bon coup de pince. Pour parvenir à tout cela, j’avais décidé de prendre rendez-vous au salon de beauté de l’hôtel, là où travaillaient des gens que je connaissais relativement bien. Dans un premier temps, j’avais eu affaire à une coiffeuse que je croisais on ne peut plus souvent, faisant en sorte que je n’eus aucun mal à lui confier ma tête pour me couper les pointes et me donner un air un peu plus frais. Satisfaite, je m’étais ensuite rendue à la case « épilation des sourcils ». Cependant, je m’étais retrouvée avec une jeune femme que je ne connaissais pas. Au début, je n’eus pas vraiment peur, mais quand je me rendis compte que celle-ci avait complètement gaffé, j’avais fait quelque chose que rarement je faisais, à savoir que plutôt que de lui pardonner et d’en rire, j’étais sortie de la salle limite en claquant la porte. Bien sûr, je m’étais sentie mal après le coup, mais l’émotion avait été trop forte. Une seule fois, je me permettais quelque chose, et c’était limite si je m’en trouvais punie. Au final, il avait fallu que je me rassure toute seule en me disant qu’éventuellement, ça repousserait et que de toute façon, ce n’était pas comme si c’était un vrai tue-l’amour, compte tenu qu’il n’y avait plus rien de pimenté entre mon mari et moi en ce moment. En revanche, je m’obligeai quand même à trouver des alternatives pour cacher cette gaffe, par exemple en gardant mes cheveux un peu plus devant mon visage ou encore, comme aujourd’hui, en mettant un chapeau pour aller à la plage avec ma mère et les jumeaux à qui ça ne ferait pas trop de mal de sortir un peu. Heureusement, ma mère ne remarqua pas, et si elle l’avait vu, alors elle avait cru bon ne rien dire, et je la remerciais intérieurement pour cela, parce que cela me permit de passer une journée un peu plus heureuse tandis que je restais installée sur cette couverture de plage que nous avions mise au sol, regardant les enfants trottiner autour de celle-ci en ayant moins d’équilibre qu’à la maison, ce qui était normal, vu la surface différente. En les regardant, je souriais doucement, jusqu’à ce que soudainement, Noah pousse une exclamation, attire mon attention, et que je voie, assise non loin de là, la fameuse esthéticienne d’hier. Est-ce que c’était fait exprès ? Je commençais fort à en douter. Cependant, parce que je ne voulais pas gâcher ma journée, je me contentai de simplement lancer à l’adresse de mon fils:  « Noah, viens par ici mon coeur, on va jouer dans le sable toi et moi ! », même si je me doutais bien que l’éclat de ma voix s’était fait entendre. J’espérais simplement qu’elle ne l’aurait pas remarqué et ne porterait pas mon attention sur moi pour le coup.