Ma famille n’avait presque pas d’argent, en fait. Pas qu’on avait pas de chances ou quoi ! C’est plutôt que mon père – biologique – demandait toujours de l’argent à ma génitrice pour pouvoir dépenser la majeure partie de leur deux salaires au jeu. Ma mère biologique ne faisait que des ménages au noir, par ci, par là… Lui travaillait dans une petite usine, il ne gagnait pas grand-chose mais ça aurait amplement suffi pour nous faire vivre. Il faut croire que le jeu était plus important. Enfin j’étais quand même un minimum nourri, je devrais me sentir bénie ! Quand j’ai commencé un peu à parler de ce qu’il se passait à la maison… Enfin après que mon père s’était fait arrêté pour paris illégaux et que ma mère ait perdu le peu de travail qu’elle avait, je n’osais pas auparavant.

J’ai pu partir de cet endroit et me retrouver dans une bonne famille. Une comme j’en avais toujours rêvé ; des parents géniaux et un frère, leur « vrai » fils. Même si j’étais heureuse, j’avais du mal à me faire à cette nouvelle famille et je suis restée silencieuse pendant plusieurs mois. Quand j’ai recommencé à parler, je ne suis pas devenue une grande pipelette, mais j’arrivais au moins à communiquer un peu avec mes « nouveaux » parents et mon « nouveau » frère. J’ai un peu plus parlé quand on a accueilli notre sœur, même si elle a été un peu plus couvée par notre frère. En fait, c’est pas vraiment couvée, c’est plutôt protégée, contre tous ceux qui se moquaient d’elle vu qu’elle n’avait plus de parents. Je me rends compte que j’ai eu de la chance d’être celle qui parlait pas en arrivant, parce que je suis la fille discrète, complètement oubliée de tous.

C’est comme cette fois où j’ai eu une absence injustifiée parce que le professeur ne m’avait pas remarqué, mes parents, qui travaillaient beaucoup, ont dû venir s’expliquer avec le prof !

Toujours étant que je suis restée discrète et plutôt timide aussi, ce qui ne m’a pas aidé pour mon projet professionnel. A force de persévérance et d’acharnement sur mes cours, j’ai enfin pu intégrer l’école de police et fini en tant qu’inspectrice à la criminelle. Je ne sais même plus d’où m’est venue cette idée ? Peut-être en discutant avec Sam, c’est elle qui a toujours voulu faire quelque chose du genre. D’ailleurs, c’est un exemple et pas que pour ce métier.

Pendant mes études, je devais avoir 20 ans, je n’ai pas vraiment remarqué tout de suite, mais le ventre de ma petite sœur s’arrondissait. Et neuf mois plus tard, je suis devenue la marraine de Casey… mais aussi la tante de Neal : elle a eu des jumeaux !

Je suis fière de ma sœur, fière qu’on travaille ensemble, même si en ce moment, je suis en congé. Je ne sais pas ce que je vais pouvoir faire. On vivait ensemble avec Josh, on avait adopté un chien abandonné et on s’est mariés avant qu’il ne parte en mission ; je suis enceinte et je suis seule maintenant. Je ne parle plus qu’à Buddy, mon chien, d’ailleurs. Enfin je parle aussi aux autres, mais juste pour leur dire que je vais bien et que ça va aller, même si je n’en crois pas un mot… Je fais la fille forte devant mes parents, devant Sam aussi. C’est une jeune maman, même si ses enfants ne sont plus des bébés depuis longtemps, elle n’en reste pas moins jeune et je ne veux pas la rendre triste avec mes histoires.

Je parle aussi des fois à Josh, persuadée qu’il peut m’entendre si je suis dans notre lit, je regarde mon petit ventre, on ne remarquerait pas que je suis enceinte si je ne le disais pas. On ne remarquerait pas si je m’en débarrassais… mais je n’y arrive pas. Les seules solutions qu’il me reste sont de la garder ou de le faire adopter à la naissance, je ne veux pas rendre un enfant triste. Je sais ce que c’est de vivre dans une famille où on est pas voulu et je ne sais pas si je serai une bonne mère, vu l’état dans lequel je suis en ce moment…